Emmanuel Macron a présenté un programme relativement ambitieux pour son quinquennat et s'attaque maintenant à une réforme sur laquelle nombre de ses prédécesseurs se sont cassés les dents. Toute modification ou réorganisation de la formation professionnelle représente donc un défi de taille, notamment avec la formation en alternance. Voyons en quoi consistent les propositions apportées par le chef de l'Etat.
Une réorganisation de la filière
Longtemps considérée comme étant réservée aux élèves en échec scolaire, la filière professionnelle a vu son image changer au cours des dernières années. On s'aperçoit petit à petit que la réussite au bac ne garantit pas un emploi, alors que les alternants obtiennent généralement un contrat de travail à l'issue de leur formation. Il ne faut pas oublier qu'une très grande partie des emplois en France sont créés par des TPE ou des PME.
Emmanuel Macron souhaite donc faire de l'apprentissage une filière d'excellence… comme ses prédécesseurs. L'image de la filière s'améliore depuis quelques années. Le temps de la réorganisation est maintenant venu.
L'un des gros défauts de la formation professionnelle est son manque de transparence. Un grand nombre d'organismes se partagent le marché et il est parfois complexe d'obtenir des informations objectives de leur part.
Actuellement, pas moins de 75 000 organismes qui se partagent la formation professionnelle. C'est énorme, il est très difficile de s'y retrouver. La politique de certification des organismes de formation professionnelle devrait donc se durcir lors de ces réformes, afin d'éliminer les établissements les moins sérieux ne répondant pas aux normes fixées par le législateur.
Pour être homogène, les titres et certifications de la formation professionnelles devraient également subir une refonte importante. Retrouver son chemin parmi les quelques 10 000 titres relève souvent du casse-tête, et ils devront être simplifiés, en partant des bases, si l'on veut que ces évolutions soient efficaces.
Tous les organismes auront également l'obligation de transmettre toutes les informations à leur disposition en matière de débouchés professionnels, d'échelle de salaires et de taux d'accès ou de retour à l'emploi. L'ensemble de ces données seront compilées afin de créer des indicateurs de performance des différents organismes auxquels tout le monde aura accès.
La formation professionnelle voit également depuis quelques années l'émergence de nouveaux protagonistes qui proposent des formations débouchant sur des certifications professionnelles, et qui se déroulent entièrement en ligne. Le fait de pouvoir travailler à son rythme, de chez soi, pour obtenir au final un diplôme, apporte une importante souplesse au dispositif. Gageons d'autres initiatives telles qu'OpenClassrooms, précurseur en la matière qui propose plusieurs parcours diplômants allant de bac+3 à bac+5 dans le domaine de l'informatique et même une alternance, verront rapidement le jour.
Une préparation dès le lycée
On ne devient pas alternant du jour au lendemain. Pour mettre toutes les chances de réussite de leur côté, les candidats à la formation en alternance devraient être préparés systématiquement dans les lycées professionnels. Les élèves seraient ainsi préparés à la vie en entreprise, dès la fin du collège sans doute, afin de s'assurer qu'ils possèdent bien les connaissances de base et les codes du « savoir-être » en entreprise qui leur font bien souvent défaut au début de leur alternance. Il existe un monde entre la vie d'étudiant et celle d'alternant, et il est important de mettre en place des passerelles. Les durées pourraient également être revues à la baisse, les entreprises comme les candidats hésitant à s'engager pour une période de trois ans.
Une autre évolution pourrait concerner les formations proposées par les organismes, qui ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins des entreprises locales. Faut-il pour autant autoriser la création de formations financées entièrement par les entreprises en fonction de leurs besoins ? Le gouvernement se pose très certainement la question, car le financement de la formation professionnelle est particulièrement complexe et opaque. Là où l'apprentissage est financé par une taxe, les formations professionnelles le sont par des contributions provenant des entreprises. Dans les deux cas, des intermédiaires prélèvent une partie des fonds pour leur fonctionnement, et il n'est pas exclu que des conflits d'intérêts puissent apparaître. Le gouvernement a donc tout intérêt à faire le ménage et à mettre en place ses réformes en allant jusqu'au bout.